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La ronce avec Christophe Bernard

Vous en avez sûrement chez vous si vous vivez à la campagne, proche d'une zone sauvage. On essaye souvent de s'en débarrasser. Toutefois, saviez-vous qu'il s'agit plutôt d'une ami ?

Merci à Christophe pour le partage de son savoir ! Cet article résume mes notes du vlog réalisé par Christophe sur sa chaîne Altheaprovence.

Vous pouvez retrouver la vidéo sur YouTube.

La partie botanique

La ronce (Rubus Fruticosus) est aussi nommée mûrier sauvage, car elle produit ces petites baies l’été.

Elle est difficile à classer : il existe plusieurs centaines de variétés.

Pour l’herboriste, on va faire simple pour reconnaitre la ronce.

La ronce est une plante vivace, qui s’installe sans problème et elle s’étend vite et prend vite du volume.

Ce n’est ni un arbuste, ni un arbre, ni une herbe. On peut parler de liane.

La première année, elle est plutôt souple et tendre. C’est à la deuxième année qu’elle se durcit et devient ligneuse. À partir de là, les fleurs et fruits commenceront à être produits.

Quand une tige meurt, elle durcit encore plus et d’expérience, c’est le pire état de la ronce pour nous : en effet, ses pointes sont encore plus féroces !

La ronce se renouvelle sans fin, créant in fine une structure impénétrable. Cela devient l’abri pour les animaux sauvages, comme les oiseaux et les lapins.

Les feuilles

En général, elles se composent de trois ou cinq folioles par feuille.

Elles sont aussi couvertes d’épines sur leur dos, le long des nervures.

Les fleurs

Fleur de ronce

Credits: image extraite de https://amandebasilic.com/la-mure-sauvage/.

Elles sont très petites et très similaires aux rosacées :

  • 5 pétales
  • 5 sépales
  • de nombreuses étamines

De couleur blanche ou légèrement rosée, elles sont regroupées en grappes.

Le fruit

Mûre sauvage

Credits: image extraite de www.canon.photo.free.fr.

On le connait sur le nom de mûre.

Techniquement, le fruit que l’on ramasse est un regroupement de petits fruits, unitairement nommé une drupe et contenant une graine.

Que peut-on utiliser

Toutes les parties de la plante s’utilisent :

  • les jeunes pousses,
  • les fruits,
  • les racines,
  • les feuilles.

Dans le passé, on utilisait les racines très riches en tanin.

Aujourd’hui, on utilise plus les feuilles, car plus simple à récolter.

Il est préférable de ramasser les feuilles en début de fleuraison, car elle sera à ce moment-là plus vigoureuse et donc plus riche en constituants.

Après, si l’on n’a pas le temps, on simplement ramasser au besoin. On est très rarement déçu.

Récolter des feuilles

Christophe récolte des rameaux qu’il met à sécher pour rendre la récolte des feuilles plus simples.

Evidemment, mettez des gants :)

Utilisation alimentaire

Pour commencer, le fruit est très nutritif et riche en vitamines et en minéraux, mais surtout en pigments nommés antocianes.

Ces pigments aident à protéger le système cardiovasculaire.

Ils aident aussi :

  • à diminuer la pression artérielle,
  • à protéger les artères et
  • à prévenir le dépôt de la plaque artérielle,
  • à prévenir la formation des caillots.

Ensuite, du côté des jeunes pousses, nommés aussi turions, ils se consomment à la vapeur comme des asperges. Il faut les peler au préalable.

Utilisation thérapeutique

La ronce est riche en nutriments (vitamines, minéraux, antioxydants), mais ce qui s’exprime le plus dans la ronce, ce sont les tanins.

Elle contient les 2 grandes classes :

  • les tanins hydrolysables
  • les tanins condensés

Le premier agit par contact sur la peau et les muqueuses, mais ne pénètre pas vraiment dans le système.

Le second pénètre dans le système pour renforcer le système veineux.

C’est ce qu’on appelle un effet astringent, c’est-à-dire provoquant un resserrement ou une tonification des tissus ou des muqueuses.

Cela assèche les muqueuses.

On utilise donc la ronce dans le cas ==d’une forte inflammation== des muqueuses avec hypersécrétion.

Il faut bien choisir le moment pour utiliser les plantes astringentes

Une petite inflammation ne requiert pas un traitement par les plantes astringentes, car elles assèchent trop.

Au contraire, cela risque d’irriter la muqueuse.

Application dans la bouche

Pour les gingivites

Lorsqu’on a des gingivites (gencives rouges, enflées), on utilise une décoction de feuilles et on l’utilise en bain de douche, 2 à 3 fois par jour.

Pour les aphtes, la ronce rend service.

Pour les angines

On retrouve aussi la ronce pour traiter les angines. Encore une fois, on ne parle pas d’un petit mal de gorge, mais plutôt du cas où les amygdales sont rouges et gonflées.

Consulter d'abord pour connaitre la cause de l'angine (virale ou bactérienne)

Préparation de la décoction des feuilles de ronces

Une fois que la décoction est devenue tiède, vous la salez.

Le sel rajoute un effet thérapeutique bien connu pour les angines.

On utilisera une cuillère à café pour 250 ml de décoction.

Pour une inflammation sévère de l’estomac ou de l’intestin

Pour la gastrite au niveau de l’estomac ou des diarrhées aiguës dans l’intestin, on utilise des combinaisons :

  • Pour l’estomac, on peut combiner :

    • la ronce et la réglisse, qui est anti-inflammatoire et antiulcéreuse (mais contre-indiqué si vous avez une hypertension artérielle).
    • la ronce et le souci
    • la ronce et le plantain
  • Pour l’intestin,

    • le mieux est de laisser sortir
    • mais on peut tempérer les choses, si la personne est trop éprouvée ou si la situation dure trop longtemps, avec un mélange de ronce et de plantes mucilagineuses (c’est-à-dire de calmer l’inflammation, d’adoucir la muqueuse).
    • par exemple, la fleur de mauve ou le plantain.
  • Pour un tonique du retour veineux

    • Encore une fois, dans ce cas, les tissus ont besoin d’être tonifiés.
    • Le mélange de la ronce avec la vigne rouge, le marronnier d’inde ou le fragon petit houx.
  • Pour les problèmes d’hémorroïdes, qui est un trouble veineux

    • on utilise dans ce cas en interne, mais aussi en externe en appliquant la décoction avec une compresse.
    • en externe comme en interne, l’objectif est de resserrer les tissus.

Pour ses propriétés hypoglycémiantes

Concrètement, la ronce peut accompagner une personne avec un niveau de glycémie trop élevé.

On mélangera la ronce avec la cannelle, le basilic, le fenugrec, l’aigremoine, la feuille de mûrier noir (Morus negra) pour leur synergie entre les constituants de ces plantes.

On accompagne ces décoctions avec des ajustements alimentaires.

On fera attention aux personnes prenant des médicaments hypoglycémiants pour éviter un accident hypoglycémique.

Comment préparer la ronce

Par décoction

  • On fait frémir 2-3 min 40 à 50 g de feuilles sèches par litre.
  • On laisse infuser 15 min.

En prise interne, on peut en boire 2 à 3 tasses par jour.

Les gargarismes ou bains de bouche sont une possibilité aussi.

La quantité de 40 à 50 g est valable pour la ronce seule.

Il est plus judicieux de mélanger la ronce avec d’autres plantes comme décrit plus haut.

Par teinture

Elle n’est pas vraiment intéressante.

Mais, si vous voulez en réaliser, utiliser des feuilles sèches avec de l’alcool à 45°.

On prendra ensuite 40 à 60 gouttes dans une peu d’eau 3 à 4 fois par jour.

Précautions

Il faut prendre la ronce loin des repas pour ne pas interférer avec l’absorption des nutriments.

C’est toujours vrai avec les plantes astringentes : comme les muqueuses sont tannées, les nutriments ne peuvent pas être absorbés correctement.

On retrouve la même remarque pour la prise de médicaments et de compléments alimentaires.

Si vous êtes constipés, on évitera la ronce à cause de ses propriétés asséchant.