Il y a 7 ans, nous avons acheté notre maison et la propriété fait environ 4000 m², en terrasse très rocheuse (AOC Saint Joseph en Ardèche).
Ce n’était rien de très accueillant pour planter quelque chose (on a essayé et l’on continue d’essayer avec la méthode "No Dig" de Charles Dowding et les conseils de Damien Dekarz…), mais qui semblait exploitable pour poser quelques panneaux PV.
La série d’articles
- Photovoltaïque : mon expérience après 9 mois ? (partie 1)
- Photovoltaïque : mon expérience après 9 mois ? (partie 2)
- Photovoltaïque : mon expérience après 1 an ?
Nous chauffons notre eau chaude sanitaire (ECS) en heures creuses et nous avons isolé, avec 10 cm de laine de mouton brute, le cumulus de 200 litres le premier hiver, car il se trouve dans le garage et il peut y faire 8°C… Je sais, ce n’est pas idéal, mais nous n’avons pas de local technique dans la maison de 72 m².
Cela nous avait permis de réduire de 12-13kWh pour chauffer l’ECS à 8-10kWh pour une journée et pour une consommation d’ESC équivalente.
Pourquoi une installation PV
Mesures de notre consommation
Je suis assez regardant sur la consommation électrique et je suis d’accord avec ceux qui prônent la sobriété énergétique pour réduire notre impact sur l’environnement.
J’ai réalisé une estimation de notre consommation en 2016, en listant chaque élément électrifié, car, pour moi, connaitre la consommation du foyer et la répartition sur les équipements est le premier pas vers une meilleure efficacité et une sensibilisation à la sobriété énergétique. J’ai réalisé une prise de notes récemment sur un entretien de Rémi chez “Nos pieds sur terre” réalisée par l’Archipelle qui valide cette première étape.
J’avais estimé 2900 kWh sur 1 an. Vous pouvez consulter ce tableau pour le détail et n’hésitez pas à copier la Google Sheets pour votre cas.
On voit, par exemple, j’avais estimé à 30% la part de consommation du cumulus ECS.
NB : le tableau n’inclut pas le four, le lave-vaisselle et le purificateur d’air (CTA5 de Murprotec) installés en 2018.
J’ai aussi suivi de près notre consommation avec :
- un relevé journalier sur le compteur numérique EDF pendant plusieurs années,
- puis plus récemment grâce au Linky, un relevé hebdomadaire, pour connaitre notre consommation passive (p. ex. combien la maison a-t-elle besoin pendant nos absences ?), notre consommation jour et nuit,
- et pour le cas du chauffe-eau, un comptage spécifique à partir novembre 2019 après acheter un vieux compteur numérique d’EDF.
Voici ce que ça donne depuis 2014 :
- notre consommation annuelle tout compris :
Month | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | 306,00 | 331,00 | 334,00 | 273,00 | 313,00 | 305,00 | 320,00 | 417,00 | |
2 | 452,00 | 288,00 | 250,00 | 270,00 | 270,00 | 353,00 | 295,00 | 100,00 | |
3 | 270,00 | 296,00 | 252,00 | 188,00 | 293,00 | 310,00 | 260,00 | 268,00 | |
4 | 157,00 | 211,00 | 81,00 | 195,00 | 141,00 | 246,00 | 253,00 | 118,00 | |
5 | 292,00 | 221,00 | 254,00 | 200,00 | 238,00 | 217,00 | 213,00 | 79,00 | |
6 | 265,00 | 176,00 | 88,00 | 172,00 | 182,00 | 258,00 | 156,00 | ||
7 | 123,45 | 205,00 | 191,00 | 171,00 | 191,00 | 191,00 | 82,00 | ||
8 | 213,59 | 138,00 | 194,00 | 86,00 | 132,00 | 116,00 | 187,00 | ||
9 | 137,96 | 174,00 | 182,00 | 132,00 | 204,00 | 198,00 | 58,00 | ||
10 | 0,00 | 265,00 | 141,00 | 164,00 | 219,00 | 139,00 | 214,00 | 347,00 | |
11 | 373,00 | 218,00 | 254,00 | 251,00 | 304,00 | 313,00 | 277,00 | 298,00 | |
12 | 332,00 | 358,00 | 292,00 | 291,00 | 305,00 | 382,00 | 334,00 | 369,00 | |
Total | 705,00 | 3058,00 | 2727,00 | 2532,00 | 2515,00 | 2798,00 | 3019,00 | 2838,00 | 982,00 |
- notre consommation en ESC :
Mois | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 117,00 | 120,00 | 138,00 | |
2 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 109,00 | 106,00 | 60,00 | |
3 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 112,00 | 93,00 | 46,00 | |
4 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 88,00 | 83,00 | 31,00 | |
5 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 73,00 | 81,00 | 8,00 | |
6 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 84,00 | 35,00 | ||
7 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 44,00 | 8,00 | ||
8 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 18,00 | 48,00 | ||
9 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 53,00 | 12,00 | ||
10 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 64 | 122 | |
11 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 95,00 | 107 | 120 | |
12 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 0,00 | 111,00 | 118 | 129 | |
Total | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 206 | 987 | 957 | 283 |
Cela a confirmé l’estimation de 30 % consommation par le cumulus.
Simulation de l’ensoleillement
J’ai aussi réalisé une simulation d’ensoleillement avec l’outil “PHOTOVOLTAIC GEOGRAPHICAL INFORMATION SYSTEM” au niveau du toit de la maison (point le plus bas de la propriété) et au niveau de la terrasse la plus haute sur la propriété (pour le plus ensoleillé).
Mois | Heures (toit de la maison) | Heures (terrasse) | Diff. en % d’ensoleillement |
---|---|---|---|
1 | 124,07 | 191,80 | + 35,31% |
2 | 174,13 | 230,27 | + 24,38% |
3 | 274,47 | 313,67 | + 12,50% |
4 | 328,07 | 358,20 | + 8,41% |
5 | 386,80 | 435,40 | + 11,16% |
6 | 394,93 | 443,87 | + 11,02% |
7 | 398,93 | 450,27 | + 11,40% |
8 | 359,47 | 398,27 | + 9,74% |
9 | 293,93 | 325,20 | + 9,61% |
10 | 228,87 | 281,20 | + 18,61% |
11 | 140,40 | 210,27 | + 33,23% |
12 | 105,33 | 162,47 | + 35,17% |
Annuellement | 3209,40 | 3800,87 | + 15,56% |
Comme vous le voyez, il n’y a pas photo !
Si l’on voulait produire de l’électricité avec le soleil, la terrasse est le meilleur site, même si la propriété n’a pas l’ensoleillement le plus idéal du monde vu que nous sommes sur le premier tiers des pentes d’une colline de 300 mètres d’altitude.
Pourquoi une réalisation qu’en 2022 ?
Mes prérequis au projet étaient :
- de respecter un budget max. de 2000 euros, avec réutilisation de panneaux pour réduire le coût et pour des soucis environnementaux.
- de ne pas revendre le surplus, p. ex. d’autoconsommer au maximum.
- d’être rentable avant le remplacement des éléments sensibles (onduleur)
J’ai donc beaucoup lu sur le sujet (ex.: forum photovoltaïque) et j’ai simulé le coût sur les divers sites marchands qui vendent du matériel PV et je ne suis pas lancé à cause
- du coût du matériel
- du fait que les entreprises ne vendent que du 3kWc pour de la revente avec des tarifs de 7000 à 15000 euros.
Aussi, le fait que l’installation ne pouvait être réalisée sur le toit de la maison me bloquait, car je ne voulais pas donner l’électricité non consommée (injection sur le réseau) à des entreprises (Enedis, Engie, etc.) qui nous le revendent à un prix de plus en plus élevé.
En mai 2022, le réseau achète le surplus 6 à 10 centimes alors qu’il me le vend entre 17 et 22 centimes (mon tarif HC-HP chez Engie en mai 2022).
Fin 2021, je reçois un email sur mon alerte du “Leboncoin” intitulé “panneaux photovoltaïques”. Il s’agissait d’un artisan qui promouvait ses services pour utiliser la solution photovoltaïque pour l’ECS à plus ou moins 1000 euros. Je me dis C’est dans mon budget et l’artisan que je recherchais !.
Présentation de l’installation
Après quelques échanges très intéressants avec l’artisan de SolaireEthic (voir son site web très intéressant), nous partons pour la solution suivante :
- 1 micro-onduleur APSystems QS1 (4 MPPT).
- 1 ligne en AC de 6mm² enterrée de 120 m de long de la terrasse cible sur la propriété à la maison (à 50cm du tableau général)
- La distance est due à la situation de la terrasse.
- 8 panneaux de 190 Wc recyclés (7-8 ans d’âge), soit 1520 Wc
- Si on prend en compte les 0.3 % de réduction de la production, on est plutôt entre 1484 et 1488 Wc.
- La valeur de 0.3 % provient de l’étude faite depuis 1992 en Savoie dont je n’ai pas le lien, mais citée dans ma prise de notes (§ “Dimensionner les panneaux photovoltaïques”) récemment sur un entretien de Rémi chez “Nos pieds sur terre” réalisée par l’Archipelle.
J’ai réalisé :
- le creusement de la tranchée (pas facile avec un sol rocheux et avec 25 mètres de différence d’altitude entre la terrasse et la maison…)
- la partie optimisation de l’autoconsommation en commandant le routeur solaire de Robin Emley, monté par Le Profes’Solaire (malheureusement, il a arrêté son service de montage, mais il semble encore proposer le soudage…).
Voici le plan de l’installation en ligne.
Que disent les chiffres après 2 mois ?
Du 1er avril et 31 mai, nous avons :
mois | produit (kWh) | autoconsommé (kWh) | injecté sur le réseau (kWh) |
---|---|---|---|
avril | 160,6 | 147,6 | 13 |
mai | 210,4 | 186,4 | 24 |
Nous avons donc une belle consommation de la production (> 90%). Il y aurait moins d’injection si :
- j’avais branché la pince ampère-métrique du routeur solaire dans le bon sens, ce que j’ai réalisé le 4 avril seulement !
- nous avions un système de stockage du surplus pour soit :
- consommer la nuit
- consommer plus tard
Si l’on compare les mêmes données de la mise en service le 27 mars au 4 avril, on voit :
produit (kWh) | autoconsommé (kWh) | injecté sur le réseau (kWh) |
---|---|---|
30.8 | 12,8 | 18 |
soit à peine 40% de consommation de la production.
C’est dommage vu qu’on ne peut pas revendre quand les panneaux sont installés au sol… (voir § “Quelles conditions pour vendre l’électricité solaire à EDF ?” sur cet article)
Quelles sont mes observations ?
Routeur solaire de Robin Emley
Il est très efficace.
J’ai observé qu’on injecte environ 100Wh sur le réseau avec le routeur solaire, soit 1kWh tous les 10 jours. C’est très marginal et acceptable.
Par contre, les compteurs mécaniques, que j’ai mis aux sorties du routeur, ne permettent pas de compter les kWh précisément si la résistance est le chauffe-eau, car la puissance produite est bien inférieure à la puissance utilisée du chauffe-eau.
En diminuant la résistance du cumulus pour que la puissance produite = puissance consommée
, cela fonctionnerait peut-être mieux.
En effet, en fonction de la puissance de l’appareil, il y avait moins de comptage à cause l’intermittence du courant envoyé par le routeur.
Par exemple, un déshydrateur de 700W de puissance, le décompte est plus juste.
Eau chaude sanitaire
On a mis le chauffe-eau sur 4/5 quand on chauffe via le solaire au lieu de 3/5 quand on chauffe sur les heures creuses.
Avec une journée plutôt belle, le soleil chauffe largement ce qu’il faut pour la journée, si ce n’est plus.
Avec une journée un peu grise, on arrive à maintenir la température malgré la consommation d’ECS.
S’il fait plus mauvais, il y aurait 2 jours d’eau chaude en stock après une belle journée. Cela varie selon les usages d’ECS bien sûr.
Je me suis posé la question d’installer un deuxième cumulus de 200 litres pour stocker sous forme d’eau chaude la production solaire.
Toutefois, c’est un investissement de 700 à 800 euros et le besoin n’y est pas vraiment vu qu’on n’a pas d’utilité de 400 litres en réalité. Nous accueillons 2 à 3 personnes de plus que très rarement dans l’année.
Problème de gestion entre l’alimentation par le routeur et par le connecteur HC/HP
Comme le montre le diagramme de l’installation, j’ai mis en parallèle les deux alimentations du chauffe-eau. Toutefois, il faudrait que je puisse avoir un interrupteur qui commande la source d’alimentation à côté du routeur plutôt que de le faire manuellement dans le garage.
Il y a aussi des comportements bizarres sur l’efficacité du contacteur où il ne reçoit pas le signal ou il y a absence du signal d’Enedis. Je ne sais pas s’il s’agit d’un mauvais branchement ou d’un souci du réseau. En effet, avant l’installation du Linky, nous avions eu des incohérences où le contacteur était actif en journée alors qu’il était sur le mode Auto…
Consommation journalière avec présence
On voit très clairement le réfrigérateur qui se met en route de façon cyclique et le pic représente le lave-vaiselle qui a tourné entre minuit et 3h du matin.
Consommation journalière en notre absence
En février 2022, nous avons été absents pendant 5 semaines. La consommation journalière moyenne était de 2.5 kWh.
En avril 2022, nous avons été absents pendant quelques jours. La consommation journalière moyenne est descendue à 0.7 kWh, soit -72%. Pas mal !
Quelle est la suite
Je vais :
- essayer d’estimer à partir des rapports PVG et de la puissance crête installée le temps qu’il faudra pour rentabiliser l’installation.
- réaliser un retour sur expérience courant octobre, 6 mois après la mise en service de l’installation.
- me renseigner auprès de Rémi chez “Nos pieds sur terre” pour rendre notre installation pour un coût réduit.
À bientôt pour la suite !